- Personnellement, que pensez-vous de cette idée de nouvelle compétition au regard de l’existant C1, C2, C3, U19, compétitions continentales féminines, etc. ?Mon avis est que la formule de compétition imaginée par A22 est certes une véritable amélioration par rapport à la version initiale, mais aussi surprenant que ça puisse être, son meilleur atout est la prochaine formule de la Ligue des Champions. L’UEFA avait (enfin) trouvé l’équation gagnante en liant ces trois compétitions par des mécanismes de reversion. En passant la C1 de 32 à 36 clubs, je crains que l’instance historique du football européen ne livre sur un plateau, un argument de vente à son possible concurrent (ou adversaire) la lisibilité. Car pour intégrer quatre clubs de plus, l’UEFA a imaginé une formule alambiquée qui risque fort de perdre les néophytes. Et si A22 arrive à embarquer d’autres grands clubs que le Real Madrid, le FC Barcelone et la Juventus, alors c’est l’existence même de l’UEFA qui pourrait être mise en cause.
La décision récente de la CJUE (Cour de Justice de l’Union Européenne), qui incrimine l’UEFA dans son projet de sanctions contre les clubs participants à cette Super Ligue, vient-elle selon vous, introduire un début de la fin pour l’UEFA et ses compétitions dans leur hégémonie politico-sportive et polarité socio-économique ?
La décision de la CJUE me semble logique. Les sanctions imaginées par l’UEFA avaient tout d’un abus de position dominante. Pour autant, elle ne donne pas un blanc-seing à A22 ou tout autre porteur d’un projet alternatif. Si elle remet en cause le monopole d’organisation de compétitions continentales jusqu’ici attribué aux confédérations, elle conditionne la faisabilité de compétitions concurrentes à des notions d’intérêt général. Alors si l’UEFA semble avoir perdu cette première manche juridique, elle n’a pas encore perdu la guerre. Wait and see !!!
… de nombreux clubs sont dans une situation de fragilité économique. La Super Ligue leur apparaît comme étant LA solution à tous leurs problèmes.
A votre avis, à qui profiterait le plus cette nouvelle initiative ? Et pourquoi ?
De toute évidence, les grands clubs seront toujours les grands vainqueurs, quelque soit la formule et l’organisateur de la compétition continentale. Car ils sont et resteront à l’origine de la création de valeur pour les médias, les annonceurs et même les fans.
Le football européen actuel a-t-il vraiment besoin de cette « révolution » ? Pourquoi ?
Je ne suis pas certain que le football européen ait vraiment besoin de cette potentielle révolution. En revanche, suite au COVID, de nombreux clubs sont dans une situation de fragilité économique, y compris des grands noms du football comme le FC Barcelone. La Super Ligue leur apparaît comme étant LA solution à tous leurs problèmes.
Le football sur le Vieux continent est la principale plateforme d’expression du football mondial ? Alors avec la création d’une nouvelle compétition, que pourrait être l’impact réel sur les autres continents et notamment l’Afrique ?
La possible création d’une super ligue privée en Europe ne devrait pas avoir un impact sur l’Afrique. En revanche, si pour contrer un tel projet, l’UEFA venait à se rapprocher de la FIFA pour concevoir une super ligue mondiale, alors l’Afrique serait naturellement concernée.
En marge de cette actualité sur la Super Ligue européenne, il ressort que depuis quelques saisons, l’Asie s’impose comme une destination sportive de choix. N’est-il pas temps pour l’UEFA de se remettre définitivement en question ?
Economiquement, le barycentre du sport mondial était l’Europe au 20e siècle. Que ce soit en F1, dans le tennis ou le golf, il semble que celui-ci se déplace vers l’Est. Il est donc logique qu’il en soit de même avec le football. Je ne suis pas certain qu’une remise en cause de l’UEFA y change quoi que ce soit … enfin, sauf à accélérer cette tendance avec une mauvaise nouvelle formule !
Vincent Chaudel, Merci.