Au bout d’une cérémonie de tirage au sort très bien huilée sur une durée de quarante minutes, les cinq représentants du continent noir ont hérité de groupes plutôt relevés. Le challenge est donc certain.
Au bout du dévoilement des huit poules, les représentants africains ont tout de suite pu évaluer l’ampleur du défi qui est le leur. Le défi de tout un continent qui continue de courir après sa première demi-finale, voire la première victoire en finale de Coupe du Monde sénior de son histoire. En catégories inférieures et aux Jeux Olympiques, le continent a déjà touché les plus grosses récompenses. Dans l’épreuve reine de la discipline, les Lions indomptables du Cameroun auront été les premiers en 1990 en Italie, à sonner la révolte en franchissant le cap des huitièmes de finale d’une Coupe du Monde. Depuis lors, seuls le Ghana et le Sénégal, tous deux qualifiés pour le Qatar, se sont rapprochés de l’exploit d’une demi-finale.
Sénégal, Cameroun… Porteurs d’espoir
Avec la distribution actuelle, les encadrements africains gagneraient à mettre à profit les sept mois restants pour s’affûter et hisser encore plus haut la bannière continentale. Précisément, dans le groupe A, le Sénégal, champion d’Afrique en titre, rendu à sa troisième participation dont la seconde de rang, devra faire mieux qu’exister face au Pays-Bas en match d’ouverture, pour marquer son ambition à l’entrée du rendez-vous qatari. Contre le Qatar pays organisateur, et à l’Equateur, les deux autres adversaires largement accessibles, au regard des individualités qui font depuis une bonne décennie, la force des Lions de la Téranga, les camarades de Sadio Mané peuvent faire vibrer le continent. Leurs aînés l’ont déjà fait en 2002, renversant la France dès l’entame de la Coupe du Monde Corée/Japon.
Avec le Cameroun, nous tenons probablement le meilleur ambassadeur du continent et le plus attendu pour la circonstance, au regard de la détermination qui habite sa nouvelle génération de joueurs et de dirigeants. Pour rester maîtres du jeu et de son destin, il devra faire appel lui aussi à son bagage fort de huit participations, dont celle mémorable de 1990 soldée par un quart de finale perdu de justesse face à l’Angleterre. Cette sélection des Lions indomptables devra compter une fois de plus, comme avant l’actuelle renaissance, sur une Nation toute entière qui a toujours su pousser, ou mieux encore, qui sait porter avec fierté, ses champions. Grâce à son « fighting spirit » légendaire, les Lions indomptables pourront donc affronter sans complexe et avec beaucoup de lucidité la Serbie, la Suisse et surtout ce Brésil, qui s’est à nouveau installé au sommet du classement FIFA, redisant au monde son insatiable envie de régner sur la planète foot. Et si l’on se rappelle qu’en 1982, pour son tout premier Mondial, le Cameroun surprenait le monde face à l’Italie futur vainqueur de l’épreuve en terre espagnole, puis huit ans plus tard, il y eut cette humiliation infligée à l’Argentine du légendaire Diego Armando Maradona, en match d’ouverture du Mondial italien, alors tout reste possible dans le meilleur des mondes. C’est donc une équipe imprévisible, qui a pris le chemin du Qatar, non sans s’être faite respecter pendant les qualifications sur le continent, laissant sur le carreau Ivoiriens et Algériens éplorés.
Tunisie, Maroc, Ghana… Se montrer conquérants
Dans le groupe D, les Aigles de Carthage devront se frotter à la très bariolée et colorée équipe de France, au Danemark toujours aussi difficile à manœuvrer, et à celui qui sortira du barrage mettant en jeu les Emirats Arabes Unis l’Australie et le Pérou. La Tunisie, qui n’a jamais franchi l’étape des poules en six participations depuis 1978, devra résolument élever le niveau s’affirmer dans cette poule.
Le Maroc, engagé dans le groupe F, aura fort à faire notamment face à la Belgique, deuxième au récent classement FIFA. Par ailleurs, face au surprenant Canada et à la très joueuse Croatie, les Marocains peuvent amplement se faire prétentieux et s’extirper de la phase des poules. Les Lions de l’Atlas devront juste s’étoffer un peu plus, et mettre à profit l’expérience de ses six participations à la compétition, dont le huitième de finale de 1986 au Mexique.
Logé dans le groupe H, les Black Stars du Ghana n’auront pas la tâche facile face au Portugal de Cristiano Ronaldo, à l’expérimenté Uruguay qui leur barra par ailleurs le chemin des quarts de finale en Afrique du Sud en 2010, et à la Corée du Sud de plus en plus compétitive, avec quelques individualités bien en place dans les plus grands championnats occidentaux. Rendu à sa quatrième participation, le Ghana n’est pas prêt d’oublier l’amère expérience de 2010 déjà évoquée, alors qu’il tenait une équipe de très bonne qualité.
Les dés sont donc jetés, il ne reste plus que la descente sur les pelouses qataries, pour créer la sensation pour les uns, ou juste figurer une fois de plus, comme l’ont très souvent fait d’autres. Une évidence tout de même, les représentants africains au Qatar ont encore chacune en sept mois, l’occasion de s’étoffer, de s’outiller, pour faire la fierté de la « Terre-mère ».
Tirage au sort Qatar 2022
Des cérémonies toujours plus féériques
C’est le vendredi 1er avril dernier, alors qu’il était exactement 16h T.U (19h heure locale), qu’a démarré sous les caméras du monde entier, la cérémonie de tirage au sort devant aboutir à la répartition des groupes de la prochaine Coupe du Monde prévue au Qatar, en toute fin de l’année en cours. Le Centre des expositions de Doha, un site futuriste de la capitale de la péninsule du golfe persique, a alors été le théâtre d’un évènement planétaire éminemment couru. Sur les représentants des fédérations et des confédérations, des entraîneurs des 29 équipes déjà officiellement qualifiées, et des multiples invités spéciaux de la FIFA et du Qatar, les yeux de toute la planète foot.
Après le trophée de la compétition introduit par Didier Deschamps, le sélectionneur français, le monde a découvert « Hayya Hayya » (Better Together). Il s’agit du premier single de l’album officiel de la Coupe du Monde 2022, interprété par le très populaire chanteur américain Trinidad Cardona, icône des nouvelles générations sur le réseau Tik Tok ; le pas moins populaire Nigérian Davido et ses milliers d’albums vendus à travers le monde ; et l’artiste qatarie Aissha, suffisamment appréciée dans le monde arabe et notamment dans le golfe persique.
En dehors des trois hosts principaux retenus pour la circonstance à savoir l’acteur britannique Idriss Elba, aux origines africaines puisque de père sierra-léonais et de mère ghanéenne ; la journaliste sportive et animatrice d’évènements Reshmin Chowdhury, une Britannique d’origine bangladaise ; et l’actrice égyptienne Sherihan, huit icônes du football se sont retrouvées sur la scène. Il s’agit notamment de Cafu du Brésil, Jay Jay Okocha du Nigeria, Lothar Matthaus d’Allemagne, Alli Daei d’Iran, Tim Cahill d’Australie, Rabah Madjer d’Algérie, Adel Ahmed Malalla du Qatar et de Bora Milutinovic de Serbie.
Une scène désignée comme la plus impressionnante jamais mise en place en pareille circonstance. Des hommages ont par ailleurs été rendus aux très regrettés Diego Maradona, le génie argentin, et Gert Müller la légende allemande, entre autres.
« Al Rihla » : une invitation au « voyage »
Pour l’équipementier allemand Adidas, c’est une nouvelle borne révolutionnaire franchie avec « Al Rihla », le ballon officiel présenté en marge de la cérémonie du tirage au sort de la prochaine Coupe du Monde Qatar 2022. Après trois années de recherches, de tests en laboratoires et de tests grandeur nature effectués à travers la planète sous des conditions climatiques différentes, ce ballon est prévu pour accélérer définitivement la pratique du football de haut niveau. Avec une masse évaluée entre 420 et 445 grammes, il peut aller à plus de 180 km/h, des trajectoires extrêmement rapides jamais enregistrées dans le monde du ballon rond. Avec ce 22ème ballon officiel depuis le tout premier « Telstar » du Mexique en 1970, Adidas dit vouloir se servir de ce ballon comme d’un support de communication pour mettre en exergue le « caractère cosmopolite du Qatar ».
Après le Brazuca du Brésil en 2014 et les Telstar 18 puis Mechta utilisé dès les huitièmes de finale en Russie, Adidas continue dans l’innovation avec une nouvelle structure des panneaux et la présence d’une puce NFC facilitant l’enregistrement de plusieurs données pendant les matchs et la gestion des rencontres par le corps arbitral.
« La’eeb » : un keffieh comme mascotte
Si de prime abord plusieurs observateurs lui trouvent l’apparence d’un fantôme, les organisateurs quant à eux parlent d’un keffieh, une coiffe traditionnelle arabe rendue célèbre par le regretté leader palestinien Yasser Arafat, et portée en Irak, en Jordanie et dans la péninsule arabique. « La’eeb », son nom de baptême, signifierait « joueur surdoué », et encouragerait tout le monde à croire en soi.
Selon la FIFA, « la mascotte officielle est pleine d’énergie et apportera la joie du football au monde entier. La’eeb encourage tout le monde à croire en soi. » Son leitmotiv, « Now is All » (Tout, c’est Maintenant), comme pour dire effectivement, aujourd’hui, tout est possible. Après le léopard Zakumi de 2010 en Afrique du Sud, Fuleco le tatou du Brésil 2014 et Zabivaka le loup russe de 2018, voici donc La’eeb, pour vous inviter dans les voluptés qataries.
A titre de rappel, la première mascotte pour une Coupe du Monde est apparue en 1966 en Angleterre. C’était un lion nommé Willie, portant un maillot aux couleurs de l’Union Jack, le drapeau du Royaume-Uni.