Sport de haut-niveau et diversité raciale : Quand « déraciner le racisme » fait problème en France

Si les précédents scandales nimbés de racisme ont su être gérés et dilués efficacement par les hautes instances sportives hexagonales, la boulette de Noël Le Graët alors président en exercice de la Fédération Française de Football n’a pas pu être discrètement digérée. Et désormais, plus rien ne sera comme avant.

Pour un responsable de son rang, communiquer est une épreuve de tous les instants, un boulot à temps plein, insensiblement aux pressions subies et autres conditions environnantes éventuellement défavorables. Pourtant, monsieur Le Graët, président de la Fédération Française de Football, a traité avec un mépris caractérisé et de manière répétée, la légende du football mondial, Zinedine Zidane, champion du monde avec l’équipe nationale de France et aujourd’hui entraîneur qualifié de la discipline, au plus haut niveau de la pratique de l’art. Un petit retour sur les faits pour planter le décor.

Belle boulette ou pulsion mal contrôlée?

La Coupe du Monde s’achève au Qatar et beaucoup s’interrogent sur le renouvellement ou non du contrat liant la fédération à Didier Deschamps, sélectionneur des Bleus. Des supputations placent des pions sur l’échiquier et le nom de « Zizou » semble faire la course en tête des sondages. Invité sur le plateau de RMC le dimanche 8 janvier dernier, le président de la « 3F » balancera avec désinvolture au sujet de Zidane pour remplacer DD, « Si Zidane a tenté de me joindre? Certainement pas, je ne l’aurais même pas pris au téléphone ». A une autre question sur un intérêt supposé du Brésil pour le même Zidane à la tête de la Seleçao, le même Le Graët répondait: « Cela m’étonnerait qu’il parte là-bas… J’en ai rien à secouer, il peut aller où il veut, … j’y crois à peine en ce qui le concerne. »

Après une telle attitude abjecte, l’on serait quand même en droit de se demander comment sa décision de reconduire Deschamps n’est pas remise en cause, puisque les propos déglutis renvoient nettement le profil psychologique du dirigeant à l’instant de cette prise de décision? La « haine » exprimée envers Zidane n’aurait-elle pas commandé au maintien de l’autre à la tête de la sélection ? Et si les propos du président de la Fédération Française de Football venaient tout simplement mettre en relief le ressentiment général d’une société occidentale blanche et continuellement impérialiste, qui ne voit en la diversité qu’un vivier d’emprunt pour champions, inutiles après le service rendu ?

Des faits récurrents…

Le samedi 18 mars 2006, aux abords du Stade de France, Eunice Barber, Française d’origine sierra-léonaise, championne du monde d’athlétisme (heptathlon et saut en longueur), était violemment interpellée par des agents de la police française, sous le prétexte de « refus d’obtempérer à l’ordre d’un officier de police ». Sur une vidéo amateur sans son, on peut distinguer une bonne demi-dizaine d’agents s’acharnant sur la championne du monde qu’ils auraient qualifiée de « très agitée ». L’athlète en était sortie déshonorée, avec plusieurs contusions visibles, et une attelle autour du cou. Sa mère qui était avec elle dans le véhicule conduit par la championne n’en sortira pas indemne. Rappelons qu’avant cet incident, Eunice Barber avait gagné une certaine respectabilité avec plus de dix années de performances au sommet des classements sportifs mondiaux, nourrissant une popularité infaillible et une notoriété prégnante. Ces agents de police à qui elle dit s’être pourtant bien présentée, pourraient-ils prétendre ne l’avoir pas reconnue ? Que lui reprochait-on de si grave pour lui infliger telles violence et humiliation? Aurait-elle eu droit au même traitement si elle avait eu la peau un tantinet plus pâle ? Il y a là, matière à réflexion.

En fin avril 2011 explosait en France, suite à des documents publiés par Médiapart, la fameuse « affaire des quotas », avec au cœur du scandale, Laurent Blanc, sélectionneur de l’équipe nationale fanion, Erick Mombaerts, sélectionneur de l’équipe de France Espoirs, François Blaquart, Directeur Technique National. Après concertation entre Chantal Jouanno alors ministre des Sports et Fernand Duchaussoy alors président de la FFF, seul le DTN François Blaquart fût suspendu de ses fonctions avec effet immédiat. Explicitement, le document de Mediapart révélait qu’au plus haut niveau de la FFF, une politique tacite de quotas discriminatoires, viserait à limiter le nombre de Noirs et d’Arabes dans les équipes de France. Il y aurait pour certains « trop de Noirs, trop d’Arabes et pas assez de Blancs sur les terrains. » Toujours selon Mediapart, Laurent Blanc aurait approuvé fin 2010, « le principe des quotas discriminatoires officieux dans les centres de formation et écoles de foot du pays. »

Exorciser l’hypocrisie

Si l’on restait dans le football français, il pourrait être bien marrant d’interroger l’échec de la candidature en 2004 de Jean Amadou Tigana, comme sélectionneur de l’équipe nationale française de football, quand on sait qu’au même poste, d’anciens camarades à la peau moins foncée mais au pedigree plus léger, ont trôné. Etait-il certainement encore lui, le Français d’origine malienne, probablement trop noir.

Le chapelet de faits mettant en minorité les sportifs « issus de la diversité » pourrait s’égrener continuellement, si l’on décide ici d’en recenser quelques-uns. Nous arrêterons là ce vil exercice, pour exprimer une indignation qui se fait de plus en plus générale, sur cette hypocrisie qui s’embourgeoise sans cesse autour de la lutte contre le racisme. Alors, « footons » résolument pour plus d’égalité et de fraternité entre les peuples, afin que l’Homme sous toutes les latitudes du globe, s’épanouisse définitivement en toute liberté.

FFFNoël Le GraëtZinedine Zidane