Maroc, le sport, la diplomatie : une leçon d’ouverture
Au dernier Championnat d’Afrique des Nations (Chan) joué en Algérie en début d’année avec l’équipe marocaine était aux abonnés absents à Constantine. Avec les U17 qui entrent en scène samedi prochain, la participation des Lions de l’Atlas est confirmée. Que s’est-il passé ?
La délégation marocaine atterrira en Algérie cette semaine à bord d’un avion affrété par la Fifa. C’est le résultat des négociations menées par Gianni Infantino auprès des autorités algériennes et marocaines, apprend-on ce jour près des officines à Rabat, En se félicitant de cet exploit, on loue dans la foulée la clairvoyance, la flexibilité et la sagesse du chef de la dynastie alaouite d’admettre cette possibilité. Cela entre en droite ligne, confie-t-on, du prix d’excellence que la Caf en présence de la Fifa lui a décerné en mars dernier au cours du 73ème Congrès de l’instance faîtière du football mondial. Loin d’être un aveu d’échec pour le Maroc, c’est plutôt un signe d’ouverture vers le monde où l’offre marocaine dans la construction de la citoyenneté universelle est un acquis. Faut-il rappeler que le Royaume forme un grand nombre d’imans à travers le continent, pour un Islam d’apaisement tranché avec la virulence des islamistes de tous bords. Devrait-on relever le dynamisme de la culture de Sa Majesté à travers le monde comme en témoigne la construction des Maisons de culture marocaine dans certaines capitales du monde. Ce Maroc-là, donc la voix est douce est paisible, marque des points sur l’échiquier mondial avec la convergence des vues avec les grandes puissances de la planète. Le Royaume a fait de la diplomatie sportive, à l’exemple du Qatar, un soft power pour s’affirmer sur la scène internationale. Sa projection pour faire partie du trio des pays qui vont organiser la Coupe du monde en 2030 devient un must qui oriente sa diplomatie d’aujourd’hui. Sur ce point Mohammed VI est un fin stratège qui pousse les pions en toute intelligence sans faire du bruit. Il faut préciser que la compétition des moins de 17 ans qui doit se tenir en Algérie du 24 avril au 19 mai est conjointement organisée par le Caf et la Fifa car les trois premières équipes du tournoi seront d’office qualifiées pour la coupe du monde de cette catégorie. A Côté de ceci, il y a la bataille pour l’organisation de la Can Total Energies 2025. Le Maroc tout comme l’Algérie, est dans la course. Le Maroc sur ce point tient à faire toute la différence de posture internationale avec son voisin qui cette semaine encore était en train de rapatrier en masse les ressortissants nigérians, toute chose qui ne fait pas bon ménage avec la sérénité tant recherchée par la Caf et la Fifa. Sur le plan sportif, le Maroc a le vent en poupe, avec sa récente victoire sur le Brésil en match amical, le N°1 au classement Fifa sur le continent. Ce commentaire d’un observateur sur la posture algérienne en dit long à cet effet :
« le sport qui est puissant vecteur de mobilisation et de nationalisme, est devenu un Cheval de Troie pour régler les comptes politiques ».
Pour rappel, en janvier dernier, les autorités algériennes avaient imposé une fin de non-recevoir à la délégation marocaine d’atterrir sur son sol à bord d’un avion du pays de sa Majesté, à l’instar de la Royal Air Maroc (Ram). Le pouvoir d’Alger était resté intransigeant sur sa position au moment où à travers toute l’Afrique et le monde arable, les Lions de l’Atlas étaient célébrés pour leur brillante participation à la coupe du monde Qatari. Les facteurs de mésentente qui couvent sous la cendre depuis des lustres, ont été ravivés récemment par la décision de Donald Trump de reconnaître le Sahara comme un territoire marocain suivi du rapprochement diplomatique entre le Royaume chérifien et l’Etat hébreux. Tout ceci porte à croire qu’à Alger personne n’a vu d’un bon œil la signature des Accords d’Abraham en 2022 entre les deux pays avec le facilitateur américain.